Mutations du travail : quelles nouvelles voies ouvrir ?
débat du 25 mai 2018, BULCO
notre invité était Julien DOURGNON, économiste, auteur de "Revenu universel : pourquoi ? Comment ?" paru aux éditions Les petits matins, 2017
Introduction :
Avec la globalisation, la robotisation et la révolution numérique, le monde du travail se transforme, détruisant des emplois et en créant de nouveaux. L'économie de production se réorganise et nécessite moins de main-d'oeuvre. L'évolution rapide des métiers exige une grande capacité d'adaptation et l'acquisition constante de nouvelles compétences. Les formes de travail changent également : temps de travail partiels cumulés, multi-activité, télé travail, entrepreneuriat...
Parallèlement, la conception du travail s'élargit à des activités multiples. Reconnait-elle suffisamment les nouvelles formes de contribution au bien commun ( bénévolat notamment), dépassant ainsi une vision productiviste de l'économie ?
Cette mutation crée un nouveau rapport au travail et ouvre de nouvelles voies, en générant autant d'optimisme que de crainte de l'avenir. A la fois indispensable à la production de biens nécessaires et à l'accomplissement de soi, le travail, valeur essentielle, doit permettre de progresser dans la construction d'une société garantissant plus de liberté et de solidarité.
Profitant de cette mutation, saurons-nous nous organiser pour progresser dans cette voie ?
Ne faut-il pas pour cela répartir plus justement notre richesse collective ?
Ce débat commence par des témoignages :
- Anita LEGRAS, proviseure de lycée professionnel, nous parle de la nécessaire adaptation de la formation pour répondre aux mutations du travail
- Julie HOOGSTOEL étudiante de l'ULCO, nous parle des conditions de travail des étudiants. Beaucoup d'entre eux n'ont que très peu de ressources et doivent travailler pour poursuivre leurs études, souvent dans des conditions rendant difficile la poursuite sereine des études
- Edmond OLEK, président d'association, nous parle du bénévolat et de la masse considérable de travail que nécessite la préparation des "Bordées" évènement incontournable de la vie dunkerquoise. Les subventions baissent année après année, les contraintes augmentent sans cesse et le travail bénévole n'est pas reconnu à sa juste valeur.
- Anne MOUNIER, maman d'un enfant handicapé, nous explique le travail difficile d'une maman pour éduquer et intégrer son enfant.
Julien DOURGNON réagit en argumentant sur les évolutions importantes du monde du travail et insiste sur la nécessaire reconnaissance de toutes les formes de travail. Les exemples donnés par les témoins montrent à quel point certaines formes de travail sont ignorées alors qu'elles contribuent à la cohésion sociale et à la richesse collective. Les transformations actuelles de la société sont une formidable occasion de reconsidérer le travail et les modalités de répartition de la richesse. Le revenu universel constitue un autre mode de répartition de cette richesse produite dans une économie largement dominée par les machines numériques, où la précarité s'accroît et où le retour de la croissance apparaît peu probable et peu souhaitable. Le revenu universel est pourvoyeur de liberté et d'estime de soi, là où les allocations de solidarité renforcent le sentiment d'exclusion.